Les Grandes Personnes - 17 € - 384 p. - Septembre 2013 |
Ma critique :
Le français n’ayant pas de pronom neutre pour parler des personnes, j’utiliserai
dans cet article, pour des raisons évidentes que vous comprendrez vite, le
pronom « él » qui est pour moi une juste contraction du « il »
et du « elle »
Chaque jour, A, le personnage principal, emprunte le corps de quelqu’un.
Il s’agit toujours d’une personne de son âge, proche géographiquement d’où él
était la veille. A n’a donc pas de corps fixe, donc pas de genre. El est tantôt
fille, tantôt garçon. Mais él existe et est surtout, une personnalité, avec des
sentiments, des envies, des rêves, des espoirs.
Pour A, sa vie a toujours été comme ça. Dans son enfance él pensait qu’il
en allait de même pour chaque personne : chaque matin, on se réveille dans
une famille différente, en étant quelqu’un d’autre et en essayant de s’accommoder
à la vie de ce quelqu’un d’autre, de coller à sa personnalité, sachant que tout
au fond, on est nous-même quelqu’un.
Tout allait bien jusqu’à ce qu’à 16 ans, A se retrouve dans le corps de
Justin le temps d’une journée. Là, A rencontre la petite amie de Justin (puisqu’elle
est pour ce jour SA petite amie) et en tombe amoureux. Mais alors comment faire ?
Demain, A sera peut-être à plusieurs heures de routes et sera surtout dans un
autre corps que cette fille, Rhiannon, ne connait pas. Dans son mode de vie, A
n’est jamais deux fois la même personne et les chances de revoir Rhiannon sont
faibles.
Le lendemain, dans un tout autre corps, celui d’une jeune fille, A
décide quand-même de la revoir. Là él s’apprête à chambouler une vie, celle de
la personne dans laquelle él est aujourd’hui. Mais Rhiannon l’a bouleversé, él
prend le risque.
Ainsi, l’histoire évoluera autour de la relation avec Rhiannon, des
questionnements et chamboulements par rapport à ses vies qu’él emprunte. Y’a-t-il
des possibilités d’avoir une vie la plus normale possible en étant chaque jour
quelqu’un d’autre ? En sachant qu’on ne pourra jamais s’endormir et se
réveiller dans les bras d’une même personne ?
A travers le regard d’A, on traverse la vie d’une multitude d’adolescents de 16 ans tout en étant confronté à leur vie « normale » ou à leur
soucis : avoir des frères et sœurs, des parents attentionnés ou non ou
alors connaitre la drogue, le décès d’un proche, la dépression, la
transidentité…
Par le biais emprunté par l’auteur, les thématiques du genre et de l’orientation
sexuelle reviennent fréquemment : A n’est ni fille ni garçon et peut
sortir tour à tour avec une fille ou un garçon, être tour à tour dans la peu d’hétéro
ou d’homo : pour él, c’est normal, nous ne sommes pas qu’un corps mais
avant tout une personnalité. J’ai trouvé cette réflexion continue très vraie.
J’ai beaucoup beaucoup aimé ce roman et ce pour tout ce que je
viens d’en raconter. L’histoire est très originale : ça s’est peut-être
déjà vu, mais moi je ne connaissais pas et je trouve que l’auteur l’a très bien
menée, tout semble crédible car il arrive à répondre à toutes les questions que
peut engendrer ce changement de corps quotidien.
De plus, j’ai aimé le fait que l’auteur se serve de ce sujet pour
aborder plusieurs thématiques et problématiques de la vie à travers ces
portraits d’adolescents tous différents et plus ou moins attachants. David Levithan
nous sert une très belle galerie de personnages.
Je ne peux que recommander cet ouvrage riche et intense en histoires et
émotions.
Ma note : 19/20
Citations :
"Les gens sont rarement attirants dans la réalité que dans le regard de ceux qui en sont amoureux"
"Je ne suis jamais tombé amoureux de quelqu'un parce qu'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. Je suis tombé amoureux d'individus en raison de ce qu'ils m'anifestaient d'unique"
Je ne connaissais pas ce roman mais je suis très intriguée par ton avis, ça m'a l'air très original, en effet. Cela pose aussi de bonnes questions.
RépondreSupprimer