Dans ce nouveau roman, que j'hésitais à lire car j'avais peur d'être trop malmenée, mais que j'ai lu avec plaisir et sans regret, David Vann nous plonge au cœur de Komodo, dans la tourmente d'une femme.
Après plusieurs années sans l'avoir vu, Tracy et sa mère partent faire un stage de plongée sur l'île de Komodo avec Roy, le frère et fils.
Ce stage va être l'occasion pour nos personnages de renouer et pour Tracy de souffler de son quotidien. Mais l'on comprendra très vite que Tracy a de la rancœur envers son frère, rancœur qu'il soit toujours chouchouté et pardonné par leur mère, rancœur qu'il ait divorcé d'un mariage idyllique, là où elle-même peine à sortir la tête de l'eau de son quotidien auprès de jumeaux en bas âge difficilement supportables et auprès d'un mari absent.
C'est une fois de plus dans une tragédie psychologique que semble nous mener David Vann. L'on sent dès le départ que Tracy est à fleur de peau, au bord de la rupture.
Le contexte de l'océan, si vaste, nous enferme pourtant dans ce qui ressemble à un huis-clos. Loin de tout et sous l'eau, point d'échappatoire.
Sous le décor magnifique des poissons et des coraux, comme Tracy, nous sommes au bord de la suffocation. On s'y croirait, l'on voit les paysages sous nos yeux. Mais aussi enchanteurs soient-ils, ils n'empêchent pas l'étouffement, la montée du ressentiment.
David Vann nous mène ainsi jusqu'au deux tiers du roman. Puis laisse la place à la vie de Tracy. Où là aussi, comme sous l'océan, elle étouffe et est enfermée. On a ici une vision de la maternité loin d'être idyllique, mais qui existe et à laquelle il est important de donner corps et vie.
Si j'ai adoré cette lecture en apnée, le dénouement m'a quant à lui laissée sur ma faim. Il manque un quelque chose, un je-ne-sais-quoi, ou enfin plutôt, si j'ai une petite idée de ce qu'il m'aurait fallu, je ne vais pas vous la dire afin de vous laisser la surprise et vous faire votre propre avis.
Mots clefs : Famille - Mal-être - Maternité - Portrait de femme - Tension psychologique
Ma note : 16/20
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