Gallimard "Scripto" - 15€90 - 480 p. - mai 2012 |
Ma critique : Konrad est le premier bébé du Lebensborn, programme visant à
engendrer des nouveau-nés programmés à devenir l’élite de la race aryenne. Ces
bébés sont conçus par des femmes correspondant à toutes les caractéristiques
aryennes et par des officiers SS. A peine nés, ils sont enlevé à leur mère et
subissent des tests pour vérifier leur potentiel : couleur des yeux, des
cheveux, forme du crâne. Là, ils sont élevés ensemble les premiers mois avant ‘être
adoptés par des familles aryennes pour en faire de parfaits aryens pour la race
pure.
Konrad commence fort, il nait le jour de l’anniversaire du
führer, le 20 avril 1936, et ce dernier le baptise en personne. Là, il est
nommé Konrad, alors que sa génitrice, femme sans importance, le nommait Max.
Konrad est très vaillant pour un bébé, déjà il se démarque
des autres. C’est lui qui nous raconte son histoire. Il fait en sorte de ne pas
être adopté et de rester dans le centre du Lebensborn les premières années de
sa vie. Le führer est son père, la patrie sa mère.
Plus tard, il est envoyé dans une Napola, école dans la
lignée du centre des nourrissons, visant à faire des soldats pour combattre
pour le bien de la patrie et pour le führer.
Là, il rencontre Lucas. Lucas fait partie des enfants polonais
enlevé avec l’aide de Konrad afin d’être germanisé. Konrad le choisit pour frère. Mais très vite,
Lucas lui révèle l’improbable : il est juif. Les certitudes de Konrad commencent
à s’ébranler. Il ne dénoncera pas Lucas.
Ce roman dénonce un fait trop méconnu : le Lebensborn.
Bien que le personnage de Konrad soit inventé de toute pièce, d’autres
personnages sont inspirés de personnes ayant réellement existé. L’auteur s’est
documenté afin d’écrire cet ouvrage et nous livre un roman passionnant, dur,
sincère qui tout en nous distrayant nous document sur ce fait méconnu.
Le personnage de Konrad nous attendrit, bien que parfait
petit nazi. Il a la naïveté de tout enfant n’ayant connu que cette vie. Il
croit dur comme fer être parfait et avoir de justes combats pour arriver à un
pays parfaits. On aime voir ses certitudes se fissurer petit à petit au contact
de Lucas.
Je recommande ce roman qui m’a captivée, remuée aussi, il
faut le dire. Il est vraiment bien écrit et original dans la manière d’aborder
le sujet : dans la tête d’un bébé puis d’un enfant.
Un texte brut et
poignant, émouvant et rude.
Ma note : 19/20