vendredi 27 février 2015

Laurent GAUDÉ - Danser les ombres

actes sud - 19 € 80 - 249 p. - Janvier 2015


Ma critique :
Il y a de ça 10 ans, je lisais, à reculons, pour le lycée, contrainte et forcée, La mort du roi Tsongor. Et ce fut une merveilleuse surprise, un livre que j'ai beaucoup aimé.
Il y a quelques jours, "forcée" par des raisons professionnelles dirons nous, je prends le dernier Laurent Gaudé, dont la thématique ne m'inspire pas du tout. Et là encore, surprise. je le dévore. Je me laisse porter. 
Alors je peux le dire : Laurent Gaudé est un conteur hors pair.

Danser, les ombres nous conte l'histoire d'Haïti, avant, pendant, et juste après le tremblement de terre de 2010.
On suit, à tour de rôle, différents personnages aux histoires variées et dont les destins vont s'entrecroiser.
Il y a la belle et fougueuse Lucine, qui souhaite vivre sa vie, même s'il faut pour cela abandonner sa sœur et ses neveux au profit de ses espoirs.
Il y a Saul, le fils de la bonne, non accepté par la femme légitime mais accepter par ses demi-frère et sœur, qui sera médecin et enfin respecté.
Il y a l'énigmatique Firmin, il y a facteur Sénèque, Lily la jeune blanche malade et tant d'autres.
Dans un monde où les rares riches côtoient les plus démunis. Où les vivants côtoient les esprits, personnages à part entière du livre.
C'est tout ce monde que Laurent Gaudé fait vivre sous nos yeux, un monde sombre dans lequel la joie perce, un pays et une culture que l'on découvre à travers un drame.

Un livre qui nous entraîne, nous emporte, nous inquiète et ne nous laisse pas indemnes.

Ma note : 18/20

mercredi 25 février 2015

Jean-Philippe BLONDEL - Un hiver à Paris

Buchet/Chastel - 15 € - 268 p. - décembre 2014


Ma critique :
Un avis de blogueuse, la grande librairie, et voilà comment j'ai eu envie de me jeter dans ce livre et ainsi, d'en découvrir cet auteur.

Un hiver à Paris est un roman empli de mélancolie, qui se construit sur un drame. Alors que la pression est forte, un étudiant d'une prepa parisienne se jette par dessus la rambarde de son établissement en criant "connard". La faute à qui ? Pourquoi ? Peut-être à ce prof de prépa, surement. On ne le saura pas.

Mais Victor, son plus proche camarade, s'en trouve affecté. Par ce drame, il se trouve entouré de Paul Rialto, intello un peu snob à qui il n'avait jamais parlé, par Armelle, jeune fille qu'il ne côtoyait pas, et surtout, par le père de la victime qu'il voit régulièrement, sans raison et dans une relation mal vue. L'un cherche à comprendre son fils, l'autre, à 1000 lieuses de ses propres parents, se laisse porter.

Dans une douce mélancolie, on suit la vie de Victor après ce drame qui influe sur lui de manière insidieuse.C'est beau, c'est juste.

Un texte doux-amer vers lequel je vous encourage à aller.

Ma note : 18/20

lundi 23 février 2015

Lucile GOMEZ - Tout est possible mais rien n'est sur

Delcourt - 22 € 95 - 187 p. - Février 2015

Ma critique : D'un dessin simpliste et épuré (que je serai, bien entendu, incapable de faire), Lucile Gomez nous raconte le parcours de Vetille qui rêve de vivre de sa passion pour le dessin. Elle nous raconte son copain et son groupe d'amis, qui se battent pour un monde meilleur, différent, où on consommerait moins et où l'on se mobiliserait pour notre planète. Elle nous parle aussi de ses autres amies, qui acceptent tout type de job pour vivre leur vie et ne s'en portent pas si mal.
Elle est prise entre deux feux, à la croisée des chemins, dans un monde où "tout est possible mais rien n'est sur"


Cette BD, très actuelle, questionne le monde des jeunes adultes, qui ont fait des études mais ne s'y retrouvent pas, qui ont des valeurs mais doivent parfois les bafouer pour trouver un emploi et qui souvent ne trouvent que des jobs précaires et mal payés. On accepte car on n'a pas le choix.

Quand nos rêves se confrontent à nos vies. Nos valeurs à nos besoins.

Une BD juste, qui parlera à beaucoup.

Ma note : 17/20

samedi 21 février 2015

Monica SABOLO - Tout cela n'a rien à voir avec moi

Pocket - 6 € 90 - 156 p. - Janvier 2015

Ma critique :
Monica Sabolo nous livre ici l'autopsie de sa relation amoureuse. 
Des débuts à la fin de cette relation, nous saurons tout, à travers les quelques objets qu'elle a gardés et qui ne sont autres que des souvenirs de celle-ci.
A travers des photos de ces objets, on vit sa relation, son déroulement de sa genèse à sa fin.

Ces photos font de ce livre un objet singulier à part entière. Si le texte est simple, l'idée est plutôt originale. 
Monica Sabolo, M. S., décrypte, dissèque, tout : ses parents et ce qu'ils ont pu lui inculquer des relations à autrui et d'elle-même, ses textos, ses espoirs, sa chute.

Une histoire d'amour, en somme, mais comme vous n'en avez jamais lue.
Un livre qui se lit vite et avec plaisir et compassion.

Ma note : 17/20

lundi 16 février 2015

Zeina EL TIBI - L'Islam et la femme

DDB - 10 € - 146 p. - février 2013


Ma critique :
On entend beaucoup parlé de l'islam en ce moment, et un peu trop souvent négativement. Certainement par méconnaissance. 
J'ai plusieurs proches (et moins proches) de confessions musulmanes et pourtant, c'est une religion que je connais peu (il en va de même pour les autres, je vous l'accorde). Pour raisons personnelles, un peu aussi à cause de l'actualité, cette religion-ci me questionne, m'intrigue et surtout m'intéresse.

Avec un ami (de confession musulmane, qui plus est), nous avons décidé d'approfondir nos réflexions sous le prisme d'un sujet qui suscite beaucoup de réactions par ici, la place de la femme dans l'islam et ce qu'en dit vraiment le Coran.
Ce petit essai accessible à tous par sa forme (128 pages !) et son fond (tout me parait assez simple, concis, juste et compréhensible) tente d'éclairer les ignorants que nous sommes et y parvient plutôt bien. 

Cet essai se décompose en différentes parties et sous-parties dont en voici certaines :
I. La femme dans le Coran et la Sunna
- L'égalité sur le plan spirituel
- La complémentarité sur le plan social (le mariage, le couple, le faux problème du voile, le droit à l'éducation, le statut légal et politique)
II. Les femmes dans l'Islam
Le texte est bien évidemment accompagné d'un glossaire et d'une bibliographie.

Ce que j'en retiens, c'est que le Coran a été soumis à de nombreuses interprétations dont beaucoup semblent erronées. Le Coran prône l'égalité entre hommes et femmes à maintes reprises. Ce qui nous parait desservir les femmes provient surtout d'anciennes coutumes, de culture, mais pas du texte religieux en lui-même. Pour certains, il est un prétexte. Pour d'autres, c'est un raccourci rapide, base d'une ségrégation qui n'a pas lieu d'être.

Si vous êtes curieux, si comme moi vous vous interrogez, n'hésitez pas, la lecture est rapide.

Zeina el Tibi est présidente déléguée de l'Observation d'études géopolitiques de Paris. Elle est chercheur, essayiste, spécialiste des questions relatives au dialogue des civilisations et des sociétés méditerranéennes. Elle préside l'Association des femmes arabes de la presse et de la communication à Paris.

Extraits :
"Tout au long des premiers siècles de l'islam, la femme a pu tenir toute sa place dans la société et elle a participé activement à l'essor de la civilisation islamique. Ce n'est qu'avec l'engourdissement qui a saisi certaines sociétés musulmanes [...] que l'on a pu assister à la progression [...] de l'ignorance. La vérité du message fut perdue de vue par certains qui se mirent à privilégier des habitudes folkloriques limitant les droits de la femme ou imposant des règles sans aucun fondement."

"L'essentiel des dérives et des contradictions visibles dans les sociétés musulmanes et relatives à la condition de la femme, a des causes sociologiques et non point religieuses"

"L'islam préconise le savoir, le refus de l'exagération et le rejet de tout obscurantisme."

"Les sociétés musulmanes ne pourront pas évoluer en restant coupées d'une moitié de leur population [les femmes]"

"[...]la Chari'a [loi islamique telle qu'elle ressort du Coran] donne l'égalité à l'homme et à la femme et défend les droits de cette dernière."

dimanche 15 février 2015

Sharon M. DRAPER - Le silence de Mélodie



Présentation de l'éditeur : Quand j’ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification. Mais seulement dans ma tête. Je n’ai jamais prononcé un seul mot. J’ai bientôt onze ans.

Ma critique :
Je ne suis certainement pas le public visé par ce livre alors je vais tâcher d'être objective.
Ce roman est une ode à la différence, une réflexion sur la perception du handicap par les ados, et surtout sur la perception des ados par l'une d'elle en situation de handicap.
Malgré tout, j'ai trouvé que c'etait trop plein de bons sentiments. Même si certaines élèves sont odieuses, certaines situations délicates, au final tout va bien dans le meilleur des mondes. Or, ce n'est peut-être pas une vérité universelle, et s'il faut que le handicap soit accepté des plus jeunes, il ne faut pas non plus s'imaginer que tout est magique, que toute famille est parfaite.
Je reste sur une note positive car nous faire voir "l'autre côté", le ressenti d'une jeune fille dîte "différente", c'est une belle idée.

Ma note : 15/20

lundi 9 février 2015

Samantha BAILLY - Métamorphoses

Bragelonne - 25 € - 552 p. - Novembre 2014

Ma critique : 
Rendre compte d’un livre que j’ai particulièrement aimé, qui m’a fait voyager et qui est particulièrement riche est un exercice un peu difficile. Mais je vais tâcher de vous transmettre le plaisir que cette lecture m’a apporté.

Dans le roman de Samantha Bailly, nous suivons Sonax, de son enfance à l’âge adulte. Ainsi, le livre peut se découper en plusieurs périodes, durant lesquelles nous croiserons divers personnages secondaires, certains fils conducteurs, d’autres passagers. Il en va ainsi pour la vie de tout un chacun, des gens passent dans nos vies, des gens restent.

Dans un univers de fantasy, qui m’a parfois rappelé l’antiquité, parfois le moyen-âge, parfois notre époque contemporaine mais en étant toujours cohérent, Sonax vit son enfance au côté de sa sœur Perle et de leur mère, femme absente qui les délaisse au profit de la banque qu’elle dirige.
Leur monde est régi par une religion, un dogme qui suit les habitants de cet univers durant toute leur vie, l’Astracisme. Cette religion se fonde sur les astres, qui, de la naissance à la mort, guident les personnalités de chacun.
Dans cet univers Sonax découvre un jour le théâtre. Il va en faire son rêve, ses espoirs. Et va connaître des désillusions. Mais c’est son rôle de comédien qui régira sa vie, de diverses manières.
Voici pour une introduction partielle du roman.
Bien sûr, l’histoire s’étend bien au-delà de cette enfance et de ces découvertes, bien qu’elles en soient le fondement. Mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de découvrir par vous-même cette histoire et cet univers.

On y trouve les clefs d’un roman parfait : un personnage principal attachant, ambigu, qui cherche ses marques dans la vie et fait de ce livre, en plus d’un roman de fantasy, un excellent roman initiatique.
Samantha Bailly a construit un univers riche et dense, semblable à aucun autre et où tous ses fondements en sont expliqués, où tout se tient. Chaque début de chapitre délivre des extraits de notes ou de livres, écrits par des habitants de cet univers, et nous en présentant des aspects particuliers : cela renforce la création de ce monde, cela l’inscrit dans une réalité.

C’est un roman vers lequel je vous invite à aller, dans lequel on ne s’ennuie pas, dans lequel on se questionne. C’est un roman dans lequel on ne peut que s’immerger entièrement tant l’univers nous semble vraisemblable.

Bravo.

Citations :
"A vouloir être en haut immédiatement, on restait en bas."
"[...]le temps passe, et rien ne sert de courir contre lui. Il gagnera toujours. La meilleure chose à faire, c'est d'empoigner le présent."
"Il y a des histoires gâchées dans une vie. Beaucoup. Le plus difficile est de vivre avec, de les laisser derrière soi."
"Mais était-ce vivre que de vouloir être parfait pour quelqu'un d'autre ?"
"Le plus difficile entre deux personnes [...] c'est de se pardonner de changer."
"Le poids des confidences, tu sais, c'est qu'ensuite les gens ne te lâchent plus. Ils ont trop peur que leurs horreurs s'éventent, ils vous emmurent comme ils voudraient emmurer leurs secrets."

Ma note : 19/20