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vendredi 20 janvier 2023

Mickaël BRUN-ARNAUD - Les Vallées closes

Robert Laffont - 282 p. - 20 € - 19 janvier 2023

Ma critique : Aujourd'hui, je ne vous fais pas un article dans l'ordre chronologique de mes lectures, mais un article sur un livre que j'ai lu il y a quelques jours seulement et qui est sorti hier. 

Pour vous le dire dès le départ, c'est un roman qui m'a malmenée. Quand j'ai eu fini ma lecture, mes premiers mots ont été qu'il m'a "horrifiée", "traumatisée". Et pourtant j'ai beaucoup beaucoup aimé cette lecture. J'ai laissé mijoter quelques jours pour essayer de comprendre pourquoi. 

Les Vallées closes, ça se passe à la campagne, dans le monde rural, dans le Luberon, à côté d'Apt, c'est-à-dire pas loin d'où j'ai vécu 5 ans et où j'ai fait mes premiers pas de libraire. 
Dans ce monde rural, brut, où tout le monde semble élevé à la dure, tout le monde, aussi, se connaît. 
On y suit d'abord Claude, élevée comme un petit garçon des campagnes, sans droit de ressentir, devant se tuer à la tâche. Cela fait d'elle quelqu'un d'abîmée par la vie, qui a vécu des épreuves, qui a subi des violences dites ordinaires. 
On suit aussi Paul-Marie, son fils. Différent des autres, plus fragile, plus délicat, qui a pu être un peu protégé de la violence de leur éducation par son frère. Paul-Marie donc, fonctionnaire, accusé de pédophilie sur Enzo. 
Et enfin on suit Enzo, déficient intellectuel, 20 ans, qui lutte pour vivre sa vie comme il l'entend malgré ses difficultés, qui se cherche et cherche sa place dans la société. 
Tour à tour ces personnages vont nous conter leur histoire, tant en 1997, qui nous montrera comment Claude ou Paul-Marie se sont construits, tant en 2016, l'année où tout bascule lors de cette accusation. 

Ce qui m'a horrifiée, se sont les scènes de violences ordinaires, qu'elles soient sur les animaux, à la chasse ou autre, ou du mari contre sa femme et ses enfants ou encore entre les gens du village, avares de ragots, hypocrites et malsains. 

Ce qui fait que j'ai aimé le roman, c'est sa construction : il se construit en même temps que nous comprenons comment ses personnages se sont construits. Son écriture : incisive, brute, très à propos pour décrire ce qu'il s'est passé et se passe dans ce milieu rural ; mais aussi addictive, avec l'envie de comprendre, comprendre ces gens, comprendre comment on en est arrivés là. 
Mais surtout ce sont ses personnages. Paul-Marie, particulièrement, si gentil, si différent de ce monde, si empathique et sentimental. Et qui vit, injustement, toutes les misères possibles. On ne peut pas ne pas s'attacher à lui. 
Enzo, et sa volonté d'être, qui fait comme il peut avec ce qu'il a, et malgré une mère qui le couve trop. 
Et Claude. Qui m'a été antipathique, de part sa manière d'agir, de penser, de parler. Mais pour qui la compassion naît quand on comprend ce qu'elle a traversé. 

Ainsi, je trouve que c'est un roman violent, extrêmement difficile, que je n'ai pas lu à la meilleure période de ma vie, mais que je vous recommande tout de même de lire car je l'ai vraiment apprécié.

Mots clefs : Ruralité - Violence ordinaire - Secret

Ma note : 16/20

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