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mardi 20 août 2013

Oscar Coop-Phane - Demain Berlin

Finitude - 16 € - 176 p. - Janvier 2013

Quatrième de couverture : Tobias, Armand, Franz, ils sont trois. Atterris à Berlin un peu par hasard en quête d’un nouveau départ, la ville va leur offrir une nouvelle normalité, presque une nouvelle famille. La vie paraît simple, les filles fument dans les cafés, on parle pendant des heures, dans toutes les langues, on peint, on écrit un peu, on cherche un lit pour la nuit. Et quand on est seul, qu’il neige dehors, on peut toujours danser jusqu’à l’épuisement au Berghain-panoramabar. Il y fait chaud, on croise un ami, on avale quelque chose pour vivre plus fort et on oublie le passé, on s’oublie. C’est bon. On a trouvé notre nouvelle famille. Les druffis, c’est comme ça qu’on nous appelle. Un jour on quittera Berlin. Mais pas tout de suite, pas ce soir, demain...

Ma critique : Pendant la première partie du roman, on suit séparément trois personnages Tobias, Franz et Armand. Tous trois sont jeunes, vivent leur vie jusqu’à ce qu’un élément déclencheur les pousse à commencer à consommer différentes drogues.
Dans la deuxième partie, on suit leur rencontre à Berlin, leur quotidien entre drogue, fête, sexe et amitié.
C’est un roman de la déchéance mais pas seulement : Certains personnages semblent sombrer en enfer par la drogue tandis que d’autres la vivent comme une entrée au paradis : toute les sensations de la vie sont décuplées pour Tobias qui vit donc sa vie très positivement.
J’ai aimé le style de l’auteur qui ne nous livre pas un roman moralisateur, emplit de désespoir dans un univers noir. Non, il se contente de narrer les vies de ses 3 personnages d’un regard objectif et d’une écriture qui m’a par sa légèreté et son style.

Ma note : 16/20


Citation : "Pourtant, j'aime les vieux trucs ; je lis jamais un mec vivant, ils m'inspirent pas confiance"

jeudi 15 août 2013

David LEVITHAN - A comme Aujourd'hui

Les Grandes Personnes - 17 € - 384 p. - Septembre 2013


Ma critique :
Le français n’ayant pas de pronom neutre pour parler des personnes, j’utiliserai dans cet article, pour des raisons évidentes que vous comprendrez vite, le pronom « él » qui est pour moi une juste contraction du « il » et du « elle »

Chaque jour, A, le personnage principal, emprunte le corps de quelqu’un. Il s’agit toujours d’une personne de son âge, proche géographiquement d’où él était la veille. A n’a donc pas de corps fixe, donc pas de genre. El est tantôt fille, tantôt garçon. Mais él existe et est surtout, une personnalité, avec des sentiments, des envies, des rêves, des espoirs.
Pour A, sa vie a toujours été comme ça. Dans son enfance él pensait qu’il en allait de même pour chaque personne : chaque matin, on se réveille dans une famille différente, en étant quelqu’un d’autre et en essayant de s’accommoder à la vie de ce quelqu’un d’autre, de coller à sa personnalité, sachant que tout au fond, on est nous-même quelqu’un.
Tout allait bien jusqu’à ce qu’à 16 ans, A se retrouve dans le corps de Justin le temps d’une journée. Là, A rencontre la petite amie de Justin (puisqu’elle est pour ce jour SA petite amie) et en tombe amoureux. Mais alors comment faire ? Demain, A sera peut-être à plusieurs heures de routes et sera surtout dans un autre corps que cette fille, Rhiannon, ne connait pas. Dans son mode de vie, A n’est jamais deux fois la même personne et les chances de revoir Rhiannon sont faibles.
Le lendemain, dans un tout autre corps, celui d’une jeune fille, A décide quand-même de la revoir. Là él s’apprête à chambouler une vie, celle de la personne dans laquelle él est aujourd’hui. Mais Rhiannon l’a bouleversé, él prend le risque.
Ainsi, l’histoire évoluera autour de la relation avec Rhiannon, des questionnements et chamboulements par rapport à ses vies qu’él emprunte. Y’a-t-il des possibilités d’avoir une vie la plus normale possible en étant chaque jour quelqu’un d’autre ? En sachant qu’on ne pourra jamais s’endormir et se réveiller dans les bras d’une même personne ?

A travers le regard d’A, on traverse la vie d’une multitude d’adolescents de 16 ans tout en étant confronté à leur vie « normale » ou à leur soucis : avoir des frères et sœurs, des parents attentionnés ou non ou alors connaitre la drogue, le décès d’un proche, la dépression, la transidentité…
Par le biais emprunté par l’auteur, les thématiques du genre et de l’orientation sexuelle reviennent fréquemment : A n’est ni fille ni garçon et peut sortir tour à tour avec une fille ou un garçon, être tour à tour dans la peu d’hétéro ou d’homo : pour él, c’est normal, nous ne sommes pas qu’un corps mais avant tout une personnalité. J’ai trouvé cette réflexion continue très vraie.

J’ai beaucoup beaucoup aimé ce roman et ce pour tout ce que je viens d’en raconter. L’histoire est très originale : ça s’est peut-être déjà vu, mais moi je ne connaissais pas et je trouve que l’auteur l’a très bien menée, tout semble crédible car il arrive à répondre à toutes les questions que peut engendrer ce changement de corps quotidien.
De plus, j’ai aimé le fait que l’auteur se serve de ce sujet pour aborder plusieurs thématiques et problématiques de la vie à travers ces portraits d’adolescents tous différents et plus ou moins attachants. David Levithan nous sert une très belle galerie de personnages.

Je ne peux que recommander cet ouvrage riche et intense en histoires et émotions.

Ma note : 19/20

Citations : 
"Les gens sont rarement attirants dans la réalité que dans le regard de ceux qui en sont amoureux" 

"Je ne suis jamais tombé amoureux de quelqu'un parce qu'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. Je suis tombé amoureux d'individus en raison de ce qu'ils m'anifestaient d'unique"

jeudi 8 août 2013

Perle de librairie #4



"Bonjour, je cherche un livre mondial
"Pardon ?
"Je cherche un livre mondial
"o_O" 
"Ben un livre ou y'a des drapeaux...
Je la laisse aller en rayon, moi perplexe. 
Je réfléchis, pars lui montrer des atlas sur le monde et un dictionnaire avec les deux planches de drapeaux... 
Elle a acheté le dico a 30€ pour les deux planches de drapeaux... 
Pourquoi pas hein...

mercredi 7 août 2013

Agnes DESARTHE - Paulus

L'Ecole des Loisirs - 19€50 - 424 p. - Mai 2013


Ma critique : Paulus, c’est le regroupement de 2 romans qui se suivent d’Agnès Desarthe
« Je ne t’aime pas Paulus » et « Je ne t’aime toujours pas Paulus » Paulus, c’est l’histoire de Julia Fuschs, adolescente première de la classe. 
L’histoire commence lorsque Johanna, la meilleure amie de Julia « belle mais con » annonce à Julia, que Paulus, le plus beau de la classe, est amoureux d’elle. Julia, sur le coup ne la croit pas. Et puis elle, elle ne l’aime pas Paulus, son truc à elle, c’est de travailler pour les cours, pas de s’intéresser aux garçons et à l’amour. Au grand désespoir de sa mère, ancienne mannequin qui aimerait que sa fille s’intéresse plus aux choses normales pour une jeune fille : les garçons et la mode. Et puis autour de Julia, il y a aussi son père, obèse qui se retrouve au chômage et sa petite sœur, Judith, 7 ans qui se ballade constamment accompagnée de sa poupée nommée « Tu pues ». A l’école, il y a aussi Nadine-le-bon-sens-près-de chez-vous, fille pleine de gentillesse mais un peu collante qui trouve un dicton pour chaque situation. 
Julia va apprendre le long de ces 2 romans les relations humaines : celles avec a famille quand le chômage arrive et avec lui une depression pour son père et qu’il faut changer les vieilles habitudes et s’occuper de sa sœur ; celles avec sa meilleure amie qui évolue  qui a aussi une vie à gérer et des gens à rencontrer, celles avec les garçon, Paulus qu’elle n’aime pas (quoique…) et Dick par la suite qu’elle cherchera à aimer pour oublier Paulus mais… mais nan, « Dick, ça veut dire Bite en anglais ». 

Suivre la vie de Julia, c’est suivre la vie d’une ado lambda, aux problèmes lambdas, mais avec la plume d’Agnès Desarthe et ses personnages si charismatique, ça en devient un roman très attachant et parfois très drôle : je me suis prise des fou-rire à lire ce livre, et ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivée en lisant.


Ma note : 18/20


Citations :
 "Accepter de danser avec quelqu'un, c'est comme lui montrer ses fesses"
"Tu n'es vraiment sure que tu existes que quand plein de gens sont au courant de ton existence ?"

lundi 5 août 2013

Cécile COULON - Le rire du grand blessé

Viviane Hamy - 17 € - 136 p. - Août 2013


Présentation de l'éditeur :
"Dans un pays sans nom dirigé par Le Grand, les « Manifestations À Haut Risque » – lectures publiques hebdomadaires et payantes ayant lieu dans les stades – sont la garantie de l’ordre social. En retirant son caractère privé à la lecture, les élus ont transformé un certain type de livres en outil de parfaite manipulation. 
Dans l’arène, des Liseurs « surjouent » des histoires préécrites – et destinées à rester inédites – devant un public captif, haletant, qui absorbe ce qu’il croit ne jamais pouvoir posséder. Et le spectacle commence dans les rangées des consommateurs : dûment encadrées par les Gardes, les passions et les émotions, la rage et le désespoir, l’hystérie collective ont droit de cité pendant une heure, le temps, pour chaque citoyen, d’atteindre un semblant d’assouvissement. Jusqu’à la prochaine Manifestation. 
1075, né dans les campagnes abandonnées en périphérie de la ville, est, lui, parfaitement analphabète. Pour exister, la Société ne lui propose qu’une issue : intégrer l’élite des Gardes au service du système. Formés dans des conditions extrêmes, ces jeunes gens ont pour unique et simple règle de ne jamais apprendre à lire. 1075 devient le meilleur des Agents. Sa vie bascule, pourtant, le jour où, mordu par un molosse, il découvre qu’un animal féroce est bien plus efficace et rentable qu’un Garde. 
À l’hôpital, où il s’ennuie, il s’en veut de ne pas avoir été à la hauteur de sa tâche, à la hauteur de ce que l’on attendait de lui. Jusqu’à ce qu’un hasard facétieux lui permette d’assister à la curieuse leçon d’alphabet qu’une jeune femme donne à l’étage où sont parqués les enfants. Le désir comme le besoin de comprendre sont des pièges délectables..."

Ma critique : Alors que toi, tu peines à écrire une critique convenable pour son livre, l'auteur, elle, plus jeune que toi d'un an, écrit un livre coup de poing-frappant-marquant (rayer la mention inutile est inutile, il n'y en a pas)
Un roman d'anticipation basé sur les livres & la lecture, je ne pouvais qu'aimer : c'est chose faite.
Un seul regret : j'ai lu ce roman dans des conditions non idéales qui font que, bien que le livre m'ait captivée, je n'ai pu me plonger pleinement dans ma lecture (interruption de lecture, brouhaha alentour, impossible concentration) et pourtant, je n'ai pas voulu le lâcher pour le lire plus tard car il me plaisait et je souhaitais continuer à me plonger dans l'univers des lectures publiques aux côtés du personnage de 1075, je voulais savoir ce qu'il allait se passer lorsqu'il a, par hazard, commencé à s’intéresser à la lecture.
J'espère avoir l'occasion de le relire au calme, à tête reposée, en une seule fois car l'écriture,  le style incisif de l'auteur et l'histoire m'ont plus et méritent qu'on s'y attarde.
La description faite par l'éditeur en dit assez, alors je me tais. Il vous suffit juste de savoir que ce livre est prenant et que vous le lirez sans doute en une seule fois et avec beaucoup de plaisir. 
Amateur de SF ou non, lancez-vous, vous qui lisez, vous qui faites partis de notre société actuelle, ce roman vous interpellera forcément.

Ma note : 19/20
Extrait : "La liberté ? Ce mot ne signifiait rien d'autre que le souvenir de nuits sans sommeil et d'hivers sans feu. La liberté, tel le vin, les femmes et les Livres, tuait les hommes qui en consommaient trop. Elle les gangrenait, il ne pensaient qu'à elle, comme à une fille qu'on a croisée une fois sans avoir osé l'aborder. Une saleté ! L'illusion du pouvoir, la certitude idiote qu'il nous reste un trésor quand on a tout perdu. 1075 détestait les hommes libres, parce qu'ils n'avaient rien à eux, et qu'ils en étaient fiers."